ILS NE NOUS FERONT JAMAIS AUTANT CHIER QU'ON LES EMMERDE

Si la merde dans laquelle nous sommes est d’abord celle que nous chie la bourgeoisie, gardons à l’esprit que les bien-contents-d’être-de-gauche que nous sommes nous maintiennent les pieds dedans. Sûrs de notre bonne conscience, affiche « remplacer le capitalisme par une bonne sieste » placardée au-dessus de quelques mièvres photos argentiques dans notre appartement du 20e arrondissement, nous, subversifs à mi-temps, nous persuadons que le politique est une affaire de bons sentiments. On s’indigne du manque d’empathie des génocidaires d’Israël. On se scandalise à chaque brutalité policière mais quand même, la police est nécessaire. On se fâche que nos pipis sous la douche et que nos recettes zéro déchet ne fassent pas tâche d’huile pour sauver la planète. Tout est dépolitisé dans nos imaginaires instagrammables mais on n’en démord pas : le changement passe par nous. Nos espaces safe et nos fêtes inclusives font la révolution. Quelle belle bande de tocards ! Un jour peut-être nous cesserons de vouloir rendre désirable ce monde de merde.