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CONTRE LE TRAVAIL

Les louangeurs du travail. — Dans la glorification du travail, dans les infatigables discours de la bénédiction du travail, je vois la même arrière-pensée que dans les louanges des actes impersonnels et d’un intérêt général : l’arrière-pensée de la crainte de tout ce qui est individuel. On se rend maintenant très bien compte, à l’aspect du travail — c’est-à-dire de cette dure activité du matin au soir — que c’est là la meilleure police, qu’elle tient chacun en bride et qu’elle s’entend vigoureusement à entraver le développement de la raison, des convoitises, des envies d’indépendance. Car le travail use la force nerveuse dans des proportions extraordinaires, il retire cette force à la réflexion, à la méditation, aux rêves, aux soucis, à l’amour et à la haine, il place toujours devant les yeux un but minime et accorde des satisfactions faciles et régulières. Ainsi une société, où l’on travaille sans cesse durement, jouira d’une plus grande sécurité : et c’est la sécurité que l’on adore maintenant comme divinité suprême.

Friedrich Nietzsche, Aurore, Livre troisième, 1881.

ENSAUVAGEONS-NOUS

Il s’agirait de s’ensauvager pour de vrai et d’arrêter de s’effaroucher dès que les racelards ayant voix au chapitre emploient cette expression. L’ensauvagement est souhaitable ; seulement, il n’est pas encore advenu. Et inutile d’exhorter le peuple à s’ensauvager. Le peuple n’existe pas ; il n’y a que des hommes.

ILS NE NOUS FERONT JAMAIS AUTANT CHIER QU'ON LES EMMERDE

Si la merde dans laquelle nous sommes est d’abord celle que nous chie le pouvoir, gardons à l’esprit que les bien-contents-d’être-de-gauche que nous sommes nous maintiennent les pieds dedans. Sûrs de notre bonne conscience, affiche « remplacer le capitalisme par une bonne sieste » placardée au-dessus de quelques mièvres photos argentiques dans notre appartement du 20e arrondissement, nous, subversifs à mi-temps, nous persuadons que le politique est une affaire de bons sentiments. On s’indigne du manque d’empathie des génocidaires d’Israël. On se scandalise à chaque brutalité policière mais quand même, la police est nécessaire. On se fâche que nos pipis sous la douche et que nos recettes zéro déchet ne fassent pas tâche d’huile pour sauver la planète. Tout est dépolitisé dans nos imaginaires instagrammables mais on n’en démord pas : le changement passe par nous. Nos espaces safe et nos fêtes inclusives font la révolution. Quelle belle bande de tocards ! Un jour peut-être nous cesserons de vouloir rendre désirable ce monde de merde.